Prêcher la géométrie : les sermons miniers de Johannes Mathesius et Cyriacus Spangenberg

A la Renaissance, l’essor des mines métalliques est rapidement suivi, dans l’espace germanophone, par le développement de la réforme protestante. Des disciples de Luther, Johannes Mathesius (1504–1565) et Cyriacus Spangenberg (1528–1604) iront bientôt prêcher dans deux grands centres miniers de l’époque, à Joachimsthal en Bohème et à Eisleben, dans le comté de Mansfeld. Dans ces sermons, adressés aux mineurs, les enseignements religieux sont éclairés par des exemples tirés des mines. Les deux pasteurs décrivent ainsi avec précision un grand nombre d’opérations techniques, et présentent Luther comme « un fidèle géomètre souterrain sur la montagne de Notre Seigneur ».

Quel est le contenu géométrique de ces sermons miniers ? Pourquoi ces textes religieux sont-ils aussi mondains et détaillés ? En quoi sont-ils complémentaires des ouvrages publiés par les savants et humanistes de l’époque, en particulier le De Re Metallica de Georgius Agricola ? Ces sermons miniers constituent, aussi surprenant que cela puisse paraître, une source importante pour l’histoire des sciences et des techniques. Dans cet exposé, j’essaierai de donner un aperçu de leur style original, en insistant sur leur importance dans le développement d’une culture mathématique pratique à l’école moderne.